LIVRE D'OCCASION
Une étonnante permanence, pourtant, dans ce mouvement perpétuel : la paysannerie algérienne. Permanence, d'ailleurs, n'est pas sclérose. Et si ce peuple acharné sur son sol, dans ses vignes, ou ses terres à blé, sur ses plateaux arides et ses montagnes, ne se transforme que lentement, si la tradition enserre toujours sa vie, barde sa foi et arme sa résistance, la violence coloniale puis la guerre d'émancipation l'ont secoué jusqu'au tréfonds et ont ouvert des voies par où s'insinue le souffle du renouveau.
Par le malheur de la guerre, par la grâce de l'indépendance et de ce qu'on appelle hâtivement peut-être la « révolution », le paysan algérien voit remises en question bien des données de son existence, les dimensions de son champ, son mode de culture, le bénéfice qu'il tire de sa terre, les fruits qu'elle fait jaillir. Tout est là, tout est à changer, tout peut-être changera.
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